Les fleurs préférées de Monet

Liste des plantes cultivées par Monet :

Plantes vivaces : Anémones du Japon, aster, aquilegia, aubrietia, acanthe, aconit, anchusa, bocconia, centaurea, campanule, delphinium, doronicum, echinops, eryngium, érigeron, gaillarde, helenium, hélianthus, hémérocallis, iris, glaïeuls, crocus, héliopsis, lupin, plumbago, rose trémière, rudbeckia, statice, thalictrum, pivoine, verbascum, hypericum, phlox, lilium, papaver, penstemon, gentiane, narcisse, tulipe, sauge, leucanthemum, hydrangea, rosier, pancratium, géranium, dahlia simple et à collerette (étoile de Digouin), polygonum.

Plantes annuelles : Pois de senteur, capucine, coquelicot simple, reine-marguerite simple, eschscholtzia, digitale, ipomée, malope, muflier, tabac à fleurs, pavots simples, soucis simples, glaucium, lavatère.

Ces deux listes ont constitué une base de travail pour la restauration des jardins, Mais elles ne sont pas les seules sources d’information. Il faut consulter les photographies d’époque qui témoignent de l’intérêt de Monet pour les oeillets et les haricots d’Espagne . Il sont visibles sur les photos des massifs de géraniums devant la maison ? Bien évidemment il faut citer les peintures du maître ou des quelques peintres qui ont eu le privilège de peindre sur le motifs dans les jardins de Pont Et les papyrus immortalisés par Lilla Cabot Perry ? Les clématites, les agapanthes et les chrysanthèmes peints par Monet ? Les giroflées et les jacinthes observées par Mirbeau ?

Dans son ouvrage jean Pierre Hoschedé, beau-fils de claude Monet affime que le peintre n’aimaient pas les :coleus, pétunia, reine-marguerite double, amarante, balsamine, canna, cinéraire, héliotrope, réséda, immortelle, oeillet d’Inde, oeillet de poète, véronique, coréopsis, ageratum, myosotis, calcéolaire.

Le Jardins du Claude Monet à Giverny - par Octave Mirbeau

Claude Monet Photo prise à Giverny en 1915 par Sacha Guitry, ami de Monet et de Mirbeau,et dédicacée par le peintre à son viel ami G. Clemenceau L'Art dans les deux mondes - 7 mars 1891 Une maison crépie de mortier rose, au fond d'un jardin, toujours éblouissant de fleurs. C'est le printemps. Les ravenelles [i] achèvent d'exhaler leurs derniers arômes ; les pivoines - les divines pivoines sont fanées ; mortes sont les hyacinthes. Déjà les capucines et les eschscholtzias [ii] montrent, celles-ci, leur jeune verdure de bronze, ceux-là, leurs feuilles linéaires d'un vert acide et délicieux ; et, dans les larges plates-bandes qu'ils bordent sur des fonds de verger en fleurs, les iris dressent leurs pétales recurvés, étranges, fanfreluchés de blanc, de mauve, de lilas, de jaune et de bleu, striés de brunes panachures et de ponctuations pourprées, évoquant, dans leur dessous compliqué, des analogies mystérieuses, des rêves tentateurs et pervers, pareils à ceux qui flottent autour des troublantes orchidées... En haut de leurs hampes flexibles, les hémérocalles inclinent leurs odorants calices ; et les coquelicots évasent, sur leurs pédoncules velus, d'énormes coupes de sang vermeil, s'enroulant aux tuteurs horizontaux ; les clématites, à grandes fleurs, étoilent les verdures ambiantes, le ciel de leurs pâles corolles immaculées, lavées d'azur et de rose à peine. Et les plantes de l'été, entre les bordures qui s'avivent, s'apprêtent partout à la joie de fleurir. C'est l'été. Les omnicolores capucines et les eschscholtzias safranés, croulent, de chaque côté de l'allée de sable, en dégringolées aveuglantes. Dans les larges plates-bandes recouvrant les iris défleuris, houle la surprenante féerie des pavots ; une extraordinaire mêlée de tons, une orgie de nuances claires, un gâchis resplendissant et musical de blanc, de rose, de jaune, de mauve; un incroyable pétrissement de chairs de blondes sur quoi éclatent les orangés, sonnent les fanfares des cuivres ardents, saignent et s'allument les rouges, s'égayent les violettes, s'illuminent de feu les pourpres noirs. Et, çà et là, émergeant de l'ondulation merveilleuse, de la merveilleuse coulée florale, les roses trémières pavoisent leurs mâts d'exquises étoffes chiffonnées, aux légèretés vaporeuses de gaze, aux cassures brillantes de satin, accrochent de petites jupes de danseuses, qui bouffent et ballonnent. Et les soleils du Texas étendent leurs longues bractées chargées de boutons, et les grands hélianthes de la Californie s'élancent, dardant leur œil vert, crêtant d'or leurs capitules ébouriffés, semblables à de fabuleux oiseaux qui s'encolèrent. Et, dans l'air, passe le souffle frais des résidus qui se mêle à l'odeur poivrée des capucines. C'est l'automne. Les capucines ont envahi l'allée, et leurs fleurs multipliées à l'infini, plus éclatantes, ont dévoré le feuillage qui jaunit. A la féerie des pavots succède la féerie des fastueux dahlias ; collerettes tuyautées, précieusement liserées d'or fin, de pourpre saignante, de lilas attendri ; pompons imbriqués de toutes les couleurs vives et de toutes leurs nuances discrètes; étoiles qui tremblent et scintillent en haut des tiges frêles, ramifiées, charmantes de grâce légère et hardie ; ou bien, découpures de soies anciennes, aux tons atténués, aux broderies fanées délicieusement, ou bien, monstrueux panaches dont les pétales laciniés s'effilent, s'épandent, se tordent en crinières écarlates. A leurs pieds, les reines-marguerites développent la fraîcheur irradiante de leurs antiques fraises de dentelles; les antirrhinums lustrent le velours tigré, bicolore de leur masque de bêtes voraces ; les anémones du japon, avec des attitudes liturgiques, balancent leurs corolles sveltes et blanches ainsi que des cornettes ; les phlox sourient, candides corymbes, par la multitude de leurs petits yeux ingénus ; les glaïeuls retardataires étayent leurs somptueux calices, tendent leurs gorges liliales au vol énamouré des abeilles. Et, dans l'air empli de tous ces reflets, de tous ces frissons, de tous ces pollens, les vertigineux soleils tournent leurs disques jaunes, flambent et rutilent, et les hautes touffes des harpaliums[iii] versent l'or continu de leur inépuisable floraison. Et, derrière la maison, crépie de mortier rose, des coteaux, aux lignes onduleuses, aux pentes habillées de la changeante moire des récoltes; et, devant le jardin, toujours éblouissant de fleurs, des prairies, vastes, profondes, successives, des prairies où les rangées de peupliers, dans le poudroiement brumeux de l'atmosphère normande, font des reculs de rêve charmants ; des prairies où l'Epte circule, sinueuse, chantante, entre des rives ombragées, colonnades d'or, portant des arcs flexibles et des voûtes ajourées, d'où retombent la grâce balancée des lianes et le mouvant caprice des houblons. C'est là, dans cette perpétuelle fête des yeux, qu'habite Claude Monet. Et c'est bien le milieu qu'on imagine pour ce prodigieux peintre de la vie splendide de la couleur, pour ce prodigieux poète des lumières attendries et des formes voilées, pour celui qui fit les tableaux respirables, grisants et parfumés, qui sut toucher l'intangible, exprimer l'inexprimable, et qui enchanta notre rêve de tout le rêve mystérieusement enclos dans la nature, de tout le rêve mystérieusement épars dans la divine lumière. J'ai dit que c'était là le mlieu qu'on aimait à imaginer pour Claude Monet. Mais, tous les milieux où il a passé, ne les a-t-il pas faits siens, en quelque sorte, et coutumiers par son intelligence immédiate à en découvrir le génie propre, à en exprimer - et magnifiquement - la spéciale poésie, à en pénétrer la signification exacte et profonde? Ne les a-t-il pas faits siens, surtout, harmonisant son esprit, sa sensibilité, à leur nature particulière, par une faculté admirable et presque unique (car elle est ordinairement le produit de longues habitudes et de patientes observations), par cette faculté qu'il a d'en dégager, d'un coup d'œil, l'essence de forme et de coloration et, je dirai aussi, de vie intellectuelle, de pensée, à cette heure fuyante, à cette suprême minute d'harmonie concentrée, ou le rêve devient la réalité ? Ne l'imagine-t-on pas chez lui, au bord des mers grises et brumeuses de la Manche, sur les tragiques rocs et dans les gouffres hurlants de Belle-Ile, aussi bien que sur les calmes rives de la Seine, et sous les ombrages frémissants de l'Epte ! Et, dans les gorges sombres de la Creuse, sous les coteaux ras aux pentes abruptes, aux renflements de granit, ou près du torrent qui bouillonne, se tapinent de louches, de sinistres maisons solitaires, avec des regards d'assassin, ne l'imagine-t-on pas chez lui, aussi bien que dans les vergers fleuris et les riantes prairies où les jeunes brises font frissonner les peupliers; où, dans les transparences atténuées, se jouent toutes les gaîtés et toutes les joies de la terre et du ciel ? Et qui donc, mieux que le peintre des brumes occidentales, des hivers neigeux endiamentés de givre, des rythmes larges et terribles de l'Océan ; qui donc mieux que ce chantre inspiré des printemps roses, des aubes nacrées, des transparentes eaux aux reflets mouvants, a su comprendre et rendre les sols durs et les immenses déserts des ciels du midi ; et ces végétations vernissées, et ces torsions de bronze des oliviers, et tout ce décor classique, théâtral, grandiose et sec, où il semble que s'entendent encore les voix de Virgile le et de Lucien ? Que dire de Claude Monet qui n'ait été dit, répété mille fois, aussi bien en France qu'en Angleterre, en Belgique, en Amérique et en Allemagne ? Le public doit savoir aujourd'hui quel est l'idéal de cet art, et quelle sa signification, et quelle son influence régénératrice sur la peinture contemporaine. Et s'il ne le sait pas, il ne le saura jamais. Alors, pourquoi tenter de le lui apprendre? Le public subit l'impulsion d'une mode et non pas le contre-coup d'une impression raisonnée, et ce qu'il veut des peintres, c'est qu'ils soient célèbres. Or, Claude Monet est maintenant célébré, d'une célébrité durement, douloureusement, et chèrement gagnée. La critique, même la plus tardigrade, les peintres même les plus jaloux, n'osent plus contester l'énorme puissance et le charme infini de ses œuvres. Ses expositions ont ceci de particulier et de tout à fait spirituel, qu'elles servent pour ainsi dire de leçons de peinture aux peintres qui s'étaient, tout d'abord, montrés les plus aveugles, les plus hostiles à cet art initiateur et frissonnant, et qui passait l'orbe étroit de leur intellect. On en voit des peintres, et les plus huppés, des peintres décorés à toutes leurs boutonnières, des peintres primés autant que les bêtes de concours, s'arrêter longuement devant chaque toile, la détailler, s'efforcer à en pénétrer les procédés, comme s'ils croyaient que cela fût possible d'acquérir, avec quelques révélations superficielles de métier, cette âme d'élu qui frémit à toutes les beautés de la vie panthéiste et cet œil miraculeux qui dompte le soleil, qui va jusque dans l'inexploré et dans l'invisible, conquérir les formes inapprises et les nouveaux verbes de lumière. Et je pense que, devant de telles oeuvres qui suggèrent l'esprit, par l'unique plaisir des yeux, les plus nobles, les plus hautes, les plus lointaines idées, le critique doit renoncer à ses menues, sèches et stériles analyses, et que le poète, seul, a le droit de parler et de chanter, car Claude Monet qui, dans ses compositions, n'apporte pas de préoccupations littéraires directes, est de tous les peintres, peut-être, avec Puvis de Chavannes, celui qui s'adresse, le plus directement, le plus éloquemment, aux poètes. C'est une promenade délicieuse et poignante et toute pleine d'intellectuelles surprises, que de le suivre dans cette nature, recréée par son incomparable génie, en cette nature passionnée, remuante, fluidique, où, parmi les sensualités caressantes, le rêve est là, à chaque pas, qui vous saisit et vous entraîne à la fête mystérieuse, profonde et toujours neuve des Heures. Ce qui enchante, en Claude Monet, c'est que, réaliste évidemment, il ne se borne pas à traduire la nature, et ses harmonies chromatiques et plastiques. Comme en un visage humain, on y voit, on y sent se succéder les émotions, les passions latentes, les secousses morales, les poussées de joie intérieure, les mélancolies, les douleurs, tout ce qui s'agite en nous, par elle, de force animique, tout ce qui, au-dessus de nous, en elle, s'immémorialise d'infini et d'éternité. Les paysages de Claude Monet sont, pour ainsi dire, l'illumination des états de conscience de la planète, et les formes supra-sensibles de nos pensées. Aussi, pour diversifier nos impressions, n'a-t-il pas besoin de varier ses motifs et de changer ses décors. Un même motif - comme dans l'étonnante série de ses meules hivernales - lui suffit à exprimer les multiples et si dissemblables émotions par où passe, de l'aube à la nuit, le drame de la terre. Et de combien d'épisodes météoriques, où ne s'était point encore hasardée la vision des peintres, n'a-t-il point doté la peinture? Quels frissons d'air et d'onde, quels rythmes célestes, quelles atmosphériques sonorités, quelles transparences peuplées de formes invues, n'a-t-il pas rendus ? Ceci, par exemple: Dans une yole, au repos sur l'eau presque noire, sur l'eau profonde d'une rivière ombragée, dont on ne voit pas la berge que le cadre coupe, deux jeunes filles en robes claires, charmantes de grâce et de souple abandon, sont assises. Le courant est rapide ; il fait trembler, parmi les paillettes de soleil et les verts mouvants des feuilles reflétées, les mauves et roses reflets des robes. Mais le drame n'est pas là. Au premier plan du tableau qui est d'eau tout entier, surface brillante, miroitante, courante, l'œil, peu à peu enfonce dans cette fraîcheur d'onde, et découvre à travers les transparences liquides, jusqu'au lit de sable d'or, toute une vie florale interlacustre, d'extraordinaires végétations submergées, de longues algues filamenteuses, fauves, verdâtres, pourprées, qui, sous la poussée du courant, s'agitent, se tordent, s'échevèlent, se dispersent, se rassemblent, molles et bizarres chevelures; et puis ondulent, serpentent, se replient, s'allongent, pareilles à d'étranges poissons, à de fantastiques tentacules de monstres marins. Et ceci : Sur un coteau ensoleillé dont on ne voit que l'extrême sommet, terre rose, herbes roussies, en plein ciel, en pleine sonorité de ciel, parmi les nuages blancs et roses, qui se hâtent sur l'azur firmamental, une femme s'avance, svelte, légère, impondérable, un coup de vent dans la mousseline ondulante de son voile, le bas de sa robe un peu soulevé en arrière et balance par l'envolée de la marche, elle semble glisser au ras des herbes. Elle a, dans sa modernité, la grâce lointaine d'un rêve, le charme inattendu d'une aérienne apparition. Regardez-la bien. On dirait que tout à l'heure elle aura passé. L'ombrelle qu'elle porte, en un mouvement délicieux du bras, et qui baigne son visage d'une ombre blonde, s'épanouit au-dessus d'elle comme une grande fleur. Aucune arabesque, rien que des lignes simples, droites, fuyantes, d'une élégance inouïe, d'une pureté, d'une sensibilité, et aussi d'une ampleur de dessin, véritablement magistrales et surprenantes. Et ce corps flexible de femme, et cette robe que les reflets fondus ensemble, les ombres douces et' les clartés vives, ont faite d'une étoffe innommable, sont des paysages exquis. Et ceci, encore : De l'ombre, du mystère, de l'ombre dont. elle est toute baignée, de l'ombre transparente et profonde, apparaît une jeune femme, assise, accoudée à une table de laque. Sa robe mauve, d'un mauve qui va se violaçant, se perdant, avec les contours, dans l'ombre violette, découvre la nuque inclinée légèrement, et la naissance de la gorge. Elle est d'une beauté délicate et triste, triste infiniment [iv]. Énigmatique, les yeux vagues, un bras pendant, toute son attitude molle et charmante de nonchaloir, à quoi pense-t-elle? On ne sait pas. A-t-elle de l'ennui, de la douleur, du remords, quel est le secret de son âme? On ne sait pas. Elle est étrange comme l'ombre qui l'enveloppe toute et, comme elle, troublante, et terrible, aussi, un peu. Mais plus étranges encore sont ces trois fleurs de soleil, immenses, qui s'élancent d'un vase, placé près d'elle, sur la table de laque, montent, tournent au-dessus et en avant de son front, pareilles à trois astres, sans rayonnement, d'un vert insolite à reflets de métal, à trois astres venus on ne sait d'où, et qui ajoutent un mystère d'aube, un recul d'ombre, au mystère, au recul de l'ombre ambiante. L'impression est saisissante. Involontairement, l'on songe à quelque Ligela, fantomale et réelle, ou bien à quelqu'une de ces figures de femme, spectres d'âme comme en évoquent tels poèmes de Stéphane Mallarmé. J'imagine que Claude Monet réserve au public qui ne connaît guère de lui que ses admirables paysages, d'autres surprises. Pour nous qui savons quels rêves hantent ce grand et infatigable cerveau de créateur, ce ne seront pas des surprises, mais bien l'accomplissement prévu, logique, nécessaire de projets longtemps caressés, la mise en œuvra naturelle et venue à son temps des rêves qui hantent ce vaste génie, à qui il n'aura manqué pour tout exprimer de ce qui est exprimable dans la vie, que de ne pas vivre la durée de plusieurs existences humaines. Et c'est là un de ses grands tourments : «On n'a le temps de rien ! » dit-il, souvent, avec tristesse, lui qui, jeune encore, plein de force, avec devant lui tout un long avenir de travail, est, peut-être de tous les artistes de ce siècle, celui dont l'œuvre est la plus immense déjà. Depuis le Port de Honfleur et l'Église Saint-Germain-l'Auxerrois, s, d'une si belle tenue classique, et qui fait songer au plus purs Canaletto, jusqu'aux extraordinaires meules qu'il acheva cet hiver, que de chemin parcouru ! Que de conquêtes, d'année en année ! Claude Monet n'a pas une minute de faiblesse, pas un moment d'hésitation ni de rétrogradation, dans sa marche ascen¬sionnelle, droite, sûre, rapide, vers l'au-delà du progrès. C'est une chose rare, et digne de la plus haute admiration, que cette perpétuelle poussée de chefs-d'œuvre, et cette superbe santé morale que rien n'amollit, que rien n'abat. Et j'aime cet homme qui, mainte¬nant, pourrait ambitionner toutes les vanités que la célébrité donne à ses élus, je l'aime de le voir, dans l'intervalle de ses travaux, en manches de chemise, les mains noires de terreau, la figure halée de soleil, heureux de semer des graines, dans son jardin toujours éblouissant de fleurs, sur le fond riant et discret de sa petite maison crépie de mortier rose. ________________________________________ [i] Giroflée ravenelle [ii] Ou pavot de Californie. [iii] Harpalium rigidum : de la famille des Asteracéaés, plante fleurissant à l'automne qui se resème spontanément. The Harpalium Rigidum is a hardy perennial, producing very fine yellow flowers in the autumn. It will grow in any good garden soil, and may be propagated by seed sown in early autumn, or by division of the roots. Their height is about 3 feet. [iv] Il s'agit de Suzanne Butler née Hoschedé. Jean-Pierre Hoschedé son frère écrit : « Monet adorait sa femme et le lui prouva en toutes circonstances. Il fit l'impossible et tout ce qui dépendait de lui pour l'aider à supporter le grand désarroi dans lequel elle sombra à la mort de ma soeur Suzanne, choc dont elle ne se remit d'ailleurs jamais (Monet, ce mal connu p. 73 Tome I. Pour assumer son deuil, Alice Monet continuera à dialoguer dans son journal, daté à partir de la mort de Suzanne. Ainsi le 9 janvier 1943, au 47e mois, elle écrit : « Retrouvé dans de vieux papiers ces articles de Mirbeau sur certaines toiles de Monet dont toi, ange adoré, tu avais servi de modèle. Quel plus (beau) modèle pouvait-on avoir que toi, ma fille, ma perfection suprême. Il dit : « Elle est d'une beauté délicate et triste triste infiniment (voyais-tu l'avenir, cette mort qui t'enlevait à nous tous ?). L'impression est ravissante. Involontairement l'on songe à quelque Ligeia fantomale et réelle spectre d'âme. » N'est-il pas une divination extraordinaire ? Pauvre enfant !» {2jtab: A propos} En cours de rédaction {/2jtabs}

Le jardin de Claude Monet par Octave Mirbeau

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